Selon les données publiées le 17 novembre par la DGS, sur l'ensemble de l'année dernière, 961 épisodes de violence à l'encontre des professionnels de santé ont été enregistrés sur la plateforme (825 en 2020) et à la fin de ce mois d'octobre, on en comptait déjà 1 347.


La DGS affirme que cette augmentation des notifications est due, en partie, au "renforcement de la formation des professionnels de la santé", précisant qu'au premier semestre de cette année, plus de 7 000 professionnels de la santé ont été formés pour savoir comment notifier les agressions, ce qu'il faut faire pour se protéger et comment demander un soutien psychologique ou juridique.


Les données seront présentées à Lisbonne lors du séminaire "Violence dans le secteur de la santé - De la prévention à l'action", une activité qui s'inscrit dans le cadre du Plan d'action pour la prévention de la violence dans le secteur de la santé(PAPVSS) de la DGS.


" Plus nous, prenons conscience d'un thème, plus nous en parlons aussi ", reconnaît Sónia Pinote Bernardes, qui dirige le plan au Centro Hospitalar Lisboa Central, soulignant : "que les professionnels de la santé doivent être plus vigilants et devenir moins tolérants face à certaines situations".


Elle affirme que les professionnels de la santé, "au plus fort de leur altruisme et de leur mission", se laissent souvent agresser par les autres "dans des situations d'altération de la conscience, ou dans des situations de toxicomanie, par exemple", mais rappelle que les jeunes professionnels considèrent déjà le problème avec moins de tolérance.


"Je crois que les plus jeunes sont déjà moins tolérants vis-à-vis des comportements agressifs. Il y a une différence générationnelle entre le professionnel de santé du passé et celui d'aujourd'hui, et cela se reflète même dans les conflits entre collègues", explique-t-elle, précisant que parfois une attitude moins tolérante est interprétée comme "de l'égoïsme ou du narcissisme".


Pour donner aux professionnels de la santé les outils nécessaires pour faire face à ce problème, divers cours de formation ont été promus. Au cours des six premiers mois de cette année, 227 actions de formation et de prévention de la violence ont été réalisées à l'initiative des institutions de santé, et 139 d'entre elles ont été dispensées par des éléments du PSP/GNR à des médecins, des infirmières, des assistants techniques et des assistants opérationnels.


Sónia Bernardes reconnaît la nécessité de "réorganiser le service de santé actuel, en tenant compte des nouveaux besoins des personnes", pour contribuer à prévenir les situations de conflit.


"Nous avons différentes maladies qui sont liées au comportement, à savoir le diabète, l'hypertension et toutes les maladies auto-immunes, qui finissent par être très liées aux facteurs de stress. Et, en fait, il y a toute une série de symptômes d'anxiété pour lesquels nous devons donner des stratégies et des ressources aux gens", a-t-elle déclaré.


Pour répondre à cette réalité, le réseau de soutien psychologique aux professionnels de la santé victimes de violence sur le lieu de travail est présent dans 67 institutions du Service national de santé et le réseau de soutien juridique dans 56 institutions.


La plupart des victimes de ces épisodes d'agression enregistrés au cours des dix premiers mois de 2022 sont des médecins (32%), 31% des infirmiers et 29% des assistants techniques. La violence psychologique (67%) est la plus évidente dans les données des épisodes de violence signalés dans la plateforme Notifica entre janvier et octobre 2022, suivie par le harcèlement (14%) et la violence physique (13%).


Au cours du premier semestre 2022, sur les 831 situations de violence signalées, 75 ont été dénoncées pénalement, 102 professionnels ont été suivis avec un soutien juridique (clarification des doutes) et 370 professionnels ont été orientés vers un soutien psychologique.


Interrogée sur l'importance, pour les professionnels de la santé, d'avoir des conséquences pour ceux qui pratiquent des actes agressifs, Sónia Bernardes a répondu : "Il doit y avoir des conséquences. Nous pouvons tous commettre des erreurs dans les moments les plus difficiles de notre vie, et reconnaître cette erreur. Mais il y a des comportements qui sont intentionnels, et ceux-ci devront avoir des conséquences".


Toutefois, le fonctionnaire défend qu'"il y a d'autres comportements qui sont signalés et qui doivent être analysés".


Selon des données internationales, on estime que, dans le monde entier, environ 50 % des professionnels de la santé subissent au moins un épisode de violence physique ou psychologique chaque année.